- On parle de Paris, Londres, Madrid, et «Marrakech»… mais pas de la capitale du Maroc
- Culture, balnéaire, animation… des richesses totalement inexploitées
- Un CRT en rade, pas de synergie entre les acteurs et pas de contrat-programme
Rabat et sa région peinent à se positionner comme une destination pour le tourisme international à l’instar d’autres capitales telles que Paris, Londres, Madrid, Bruxelles et le Caire. Même sur le plan national, elle reste très loin du peloton de tête conduit par les villes de Marrakech, Agadir et Fès qui continuent à accaparer la majorité des nuitées, soit plus de 70%, selon les données du mois de janvier 2017 publiées par l’Observatoire du tourisme.
La vocation administrative pèse toujours sur l’animation et le déroulement de la vie à Rabat qui semble entrer en léthargie dès les premières heures de la nuit. Il est rare de rencontrer des groupes de touristes étrangers en masse qui sillonnent les rues ou qui prennent d’assaut les différents sites historiques et culturels de la capitale. Les raisons sont nombreuses à commencer par l’absence de vision commune mobilisant les acteurs concernés.
Il a fallu attendre l’arrivée du nouveau wali, Mohamed Mhidia, pour secouer le cocotier en lançant la tenue de l’assemblée générale du Conseil régional du tourisme (CRT) de la région Rabat-Salé-Kénitra (RSK) reportée plusieurs fois. Ce qui a permis l’élection de Hassan Bargach, président du CRT, un professionnel qui est actuellement le DG du Sofitel Rabat Jardin des Roses.
Il succède à Lahbib Alaoui qui, en dépit de sa bonne volonté, a jeté l’éponge par manque de moyens lui permettant de réaliser les objectifs de son mandat. «Tous les deux ans, on reçoit seulement une dotation d’environ 300.000 DH qui n’arrive même pas à couvrir nos dépenses de fonctionnement», avance une source du CRT qui ajoute que «ce n’est que depuis 2016, que nous avons pu bénéficier d’une subvention d’un million de DH accordée par la Région». Il faut aussi signaler que Rabat reste la seule région qui n’a pas signé son contrat programme dans le cadre de la vision nationale 2020.
On n’était pas chaud de signer ce contrat car il ne dégage pas des ambitions réalistes et cela se confirme aujourd’hui par les résultats enregistrés dans la majorité des autres régions, explique notre source. Un contrat-programme sérieux est celui qui mobilise les moyens financiers et le foncier nécessaires pour la réalisation des projets prévus, ajoute-t-elle.
Mais la préparation de ce contrat programme a permis cependant de réaliser un diagnostic et l’identification des produits phares de notre région, indique Nadia Benslimane, DG du CRT. D’ailleurs les travaux de l’assemblée générale étaient une opportunité de rappeler les points forts et les faiblesses du secteur au niveau de la région.
A fin 2016, la région dispose d’une capacité hôtelière de 6.991 lits classés, soit une progression de 38% sur les 3 dernières années, rappelle Benslimane. Le grand lot, soit plus de 60%, est situé dans la capitale avec une destination qui continue de confirmer son positionnement marketing en tant que destination haut de gamme.
Pour les produits, une étude déjà réalisée a permis de dégager un pôle culturel qui sera piloté par le binôme Rabat et Salé. En plus des sites historiques dont dispose ce dernier, plusieurs actions ont été lancées et d’autres en cours pour renforcer l’animation culturelle au niveau de cette zone. Pour rappel, un important travail a été effectué ces dernières années qui a permis à la ville de Rabat d’être classée patrimoine de l’Unesco depuis 2012.
En termes d’investissement, «un effort considérable a été engagé pour l’ancrage du produit touristique entre 2011-2016 avec une injection d’une capacité de plus de 3.092 lits et la captation de grandes enseignes hôtelières comme le Marriott, le Ritz Carlton et le Fairmont…», rappelle le DG du CRT.
Cet investissement a aussi impacté le renforcement de l’offre MICE et animation sur Pôle Wessal Bouregreg avec un investissement total de 9 milliards de DH concernant plusieurs grands projets dont le Grand Théâtre. Cependant beaucoup de travail reste à faire pour intégrer les zones balnéaires, étendues sur 170 km, pour contribuer au développement de l’activité touristique au niveau de la région. Car la partie littorale reste pour le moment une destination de choix des promoteurs immobiliers et non des opérateurs touristiques.
Les résidents en tête
En termes de nuitées, Rabat totalise à fin 2016 plus de 625.600 et 205.507 arrivées avec une durée de séjour moyen de 2 jours qui reste en deçà de la moyenne nationale. Les résidents arrivent en tête des visiteurs, suivis par les Français. Ils sont suivis par les Espagnols, les Anglais, les Italiens et les touristes issus des marchés émergents tels que les pays du Golfe, les USA et d’autres zones européennes. Sans oublier les marchés relais de croissance où les parts de marchés importantes sont à capter: Afrique, Chine, Russie… Lorsque les résidents remontent à la 5ème place et plus en termes de nuitées, on peut donc avancer que le pari est gagné, espère Bargach.