Pas suffisant! C’est le ressenti des professionnels du tourisme au lendemain de l’annonce du plan d’urgence pour le secteur du tourisme. Ce plan ne «servira pas à grand-chose» tant que les frontières restent fermées et que la relance touristique n’est pas annoncée. Ce plan d’urgence pour le tourisme annonce une subvention de 1 milliard de DH à l’hôtellerie. Ce qu’en pensent des opérateurs qui attendent plus de détails dans la mise en œuvre de ces aides.
■ Hamid Bentahar, président de la CNT
Pour Hamid Bentahar, président de la confédération du tourisme, c’est un effort louable, mais la vraie bataille est au niveau de l’ouverture des frontières afin de remettre le secteur, ses acteurs et ses salariés au travail. Les mesures annoncées concernent beaucoup plus la résilience des entreprises touristiques alors que la partie relance n’a pas encore été abordée, explique le président de la CNT. Il reste aussi à préparer et les conditions de la mise en œuvre de ce plan d’urgence, et ce le plus rapidement possible pour sauver les entreprises. Les professionnels attendent une exécution souple avec des règles simples et une procédure rapide. Pour Bentahar, il est regrettable de voir l’exclusion de certains métiers important dans l’écosystème touristique
■ Lahcen Zelmat, président de la FNIH
Même son de cloche auprès du président des hôteliers, Lahcen Zelmat. «Le plan d’urgence du tourisme devrait comprendre tous les partenaires du tourisme à savoir les voyagistes, les transporteurs touristiques et les restaurateurs», déplore Lahcen Zelmat, président des hôteliers. Il aurait été plus judicieux de prendre en considération l’ensemble des entreprises touristiques. Et quid des entreprises hôtelières qui ont fermé leurs portes à cause du covid et libéré une bonne partie du personnel? s’interroge le professionnel. Techniquement, pour bénéficier de l’aide de l’État et de l’IF notamment, il faut avoir gardé 80% du personnel déclaré en février 2020. «C’est pratiquement impossible», estime Zelmat. «Nous attendons les détails de l’application de cette aide», explique Zelmat. Et de poursuivre, «nous sommes habitués à des annonces conditionnées par des procédures très compliquées et qui finalement ne bénéficient pas à l’ensemble des établissements hôteliers à l’instar du programme de rénovation annoncé pour Agadir».
■ Abdelatif Kabbaj, hôtelier ex-président de la CNT
Pour Abdelatif Kabbaj, l’ouverture des frontières est urgente et doit être annoncée le plus rapidement possible pour rassurer les TO et les compagnies aériennes. «Sans une programmation établie, ces partenaires vont se détourner de la destination», insiste le professionnel qui rappelle d’ailleurs qu’une compagnie low-cost comme Ryanair qui opère 102 vols sur Marrakech risque de déprogrammer définitivement la ville. Si dans l’ensemble, le gouvernement a répondu favorablement aux demandes des professionnels et des 10 recommandations de la CNT, Kabbaj regrette que le plan d’urgence ait écarté les voyagistes, les restaurateurs et les transporteurs. «Ces filières sont tout aussi importantes que les hôteliers».
■ Othmane Cherif Alami, président du CRT de Casablanca
Enfin une prise de conscience et de considération pour le tourisme, estime Othmane Cherif Alami, voyagiste, président du CRT de Casablanca/Settat. «Face à la situation sociale et économique du secteur, le gouvernement devait donner une réponse. Une enveloppe de 2 milliards de DH pour sauver les entreprises reste, somme toute, modeste face aux 140 milliards de DH de recettes perdues et non rapatriées depuis 22 mois», estime Alami. L’ouverture des frontières est une condition sine qua none pour sauver le secteur et ses entreprises, insiste le professionnel. «Les TO demandent un calendrier pour pouvoir garder la destination dans les programmations».
■ Fouzi Zemrani, voyagiste
Qui peut le plus peut le moins, estime de son côté Fouzi Zemrani, voyagiste. «L’Etat a annulé les taxes professionnelles pour les hôteliers et a oublié les voyagistes, les transporteurs touristiques, les restaurateurs… qui ont subi la crise du tourisme de la même manière que les établissements d’hébergement». Le moratoire demandé par la CNT relatif aux échéances bancaires demandé par la CNT n’inclut que les hôteliers et les transporteurs et oublie de nouveau les voyagistes qui ont eux aussi subi des dégâts, indique Zemrani. Enfin, si subvention devait être, elle devrait comprendre l’ensemble de l’écosystème et non pas uniquement les hôteliers, insiste le professionnel.
■ Aziz Lebbar, Président du CRT de Fès
Pour le président du Conseil régional du tourisme (CRT) de Fès, «les mesures prises par le gouvernement sont très louables mais pas suffisantes pour sauver le secteur du tourisme». Dépendant essentiellement du tourisme international (70%), «ce secteur, aujourd’hui sinistré, ne peut pas vivre que des aides de l’Etat». De l’avis de ce professionnel, «il faut rapidement donner du lest et de la vision aux compagnies aériennes pour qu’elles puissent reprogrammer la destination Maroc dans les plus brefs délais». Car, même avec l’ouverture des frontières, il faut un temps pour lancer la commercialisation et concevoir des packages avec les TO. «A ce jour, aucune compagnies n’a encore programmé des vols sur le Maroc», déplore Lebbar. Pour lui, afin de remettre la destination sur les radars, il faut rouvrir les frontières, restaurer la confiance avec les compagnies aériennes et TO, et revoir le plan promotionnel. Pour certaines destinations, comme Fès, «le départ de Ryanair ou Air Arabia est synonyme de fiasco».