Créer un fonds de défaisance où seraient logées les créances en souffrance que les banques marocaines détiennent sur le secteur touristique: telle est l’idée qui commence à faire son chemin dans les milieux du tourisme au Maroc. Si le projet aboutit, ce serait une grande première dans notre pays.
En vue de relancer le secteur touristique au Maroc et accompagner sa croissance, spécialement l’hôtellerie, l’idée de création d’un Fonds de défaisance pour y loger les créances en souffrances qui sont détenues par les banques marocaines sur ce secteur fait bien son chemin.
L’objectif derrière cette idée est d’isoler et d’extraire du bilan des banques et de leurs provisions ces créances fragiles, afin de permettre au secteur bancaire marocain de financer de nouveau l’hôtellerie. Celui-ci devient de plus en plus réticent par rapport au financement de ce secteur à cause des chiffres de sinistralité et de l’ampleur des provisions.
Selon le rapport annuel (2016) sur la supervision bancaire, publié par Bank Al-Maghrib, les créances en souffrance détenues par les banques marocaines sont à 8,1% composées de tourisme, contre 8,9% en 2015. (Voir graphique ci-dessous)
En 2016, l’encours des créances en souffrance relatives au secteur de l’hôtellerie est en baisse de 3,5% pour se situer à 3,5 milliards de DH. S’agissant de son taux de sinistralité, celui-ci est passé de 23,8% en 2015 à 22% en 2016.
S’agissant des concours affectés au secteur du tourisme en général, ceux-ci ont connu une hausse de 4,5% pour totaliser un montant de 16 milliards en 2016.
Pour sa part, la répartition sectorielle des crédits bancaires démontre que les prêts accordés au secteur touristique ne représentent que 1,9% en 2016. Ceci est, en effet, la plus faible part des crédits qui est allouée aux différents secteurs, c’est ce qui ressort du graphique suivant :
Ajoutons à cela que, d’après la même source, la production du crédit-bail immobilier qui concerne le financement des hôtels et loisirs a reculé de 80% en 2016 pour s’établir à 120 MDH. De même, le financement du segment des résidences secondaires et touristiques a enregistré un repli de 46,5% durant la même année.
Autant d’éléments qui confirment que le secteur du tourisme au Maroc suscite la réticence des banques. Le secteur risque de souffrir d’un freinage de son redémarrage: sans financement, il n’y aura pas assez d’investissements et le tourisme ne pourra pas accélérer sa croissance. D’où l’idée du fonds de défaisance.
leboursier.ma