La Vision 2020, présentée le 30 novembre 2010 à Marrakech, devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, est avant tout une stratégie de régionalisation touristique, de qualité et du développement durable.
Conçue pour mettre en valeur chacune des régions du Maroc, cette Vision vient pérenniser les réalisations de la Vision 2010 et donner une impulsion nouvelle au secteur du tourisme. Elle se fixe comme objectif de doubler la taille du secteur touristique, hissant ainsi le Royaume parmi les 20 premières destinations touristiques mondiales. Qu’en est-il aujourd’hui de cette vision 2020, après huit ans de mise en œuvre ?
Régionalisation touristique : Un aménagement touristique du territoire national est de mise
Le tourisme est largement concentré aujourd’hui sur deux destinations, Marrakech et Agadir, totalisant près de 70% des nuitées internationales, ce qui fait perdre la mise en apothéose de toutes les potentialités du territoire marocain.
Ainsi, la « Vision 2020 » est venue s’inscrire dans une approche intégrée et volontariste d’aménagement touristique du territoire national.
Pour dire que les plans d’aménagement du territoire national doivent prendre en considération la promotion des zones touristiques en prévoyant les équipements et les infrastructures nécessaires pour un urbanisme touristique.
C’est dans cette perspective que huit territoires touristiques devraient être créés, au-delà des contraintes du découpage administratif. Ces territoires jouissent de la cohérence touristique, l’attractivité, la capacité d’hébergement, des actifs touristiques et de desserte aérienne. Ils disposent d’une visibilité internationale et peuvent accéder au statut de destination à part entière.
Chaque territoire touristique est doté d’un positionnement et d’une ambition spécifiques avec des objectifs clairs portant sur son développement et sa compétitivité. Une feuille de route régionale détaillée devrait être élaborée pour chaque territoire touristique et mise en œuvre par une gouvernance locale dotée d’outils et des moyens adaptés.
Les huit territoires touristiques sont répartis de la manière suivante :
Deux territoires touristiques sont positionnés sur l’offre balnéaire Maroc, valorisant les littoraux atlantique et méditerranéen :
• « Souss-Sahara Atlantique », rassemblant les sites d’Agadir, y compris son arrière pays (Tafraoute, Imouzer Ida Outanane…), de Laâyoune et de Guelmim autour de l’alliance du désert, de l’Atlantique et du climat toujours ensoleillé.
• « Maroc Méditerranée », avec les 3 sites de Saïdia, Marchica et Cala Iris, valorisant la dimension méditerranéenne du Maroc, combinant les loisirs et le développement durable.
Quatre territoires sont positionnés sur une offre culturelle riche, valorisant chacun de manière spécifique les ressources matérielles et immatérielles du Maroc :
• « Marrakech Atlantique », ancré sur les sites de Marrakech, du Toubkal et d’Essaouira, consolidant son offre pour demeurer la porte d’entrée du Maroc, à la fois chic et authentique.
• « Maroc Centre » étant la destination du voyage aux sources de la culture et de l’histoire et du bien-être, grâce à une complémentarité forte entre les sites de Fès, Meknès et Ifrane.
• « Cap Nord » ancré sur les sites de Tanger, Tétouan, Chefchaouen, Asilah et Larache, constituant une terre de rencontre culturelle, équilibrée d’une offre balnéaire exclusive.
• « Centre Atlantique », réunissant de manière cohérente Casablanca, Rabat et El Jadida pour constituer la côte des affaires et des loisirs
Enfin, deux autres territoires constituent les vitrines du Maroc en matière de développement durable et mettent en valeur des sites naturels les plus exceptionnels du Maroc :
• « Grand Sud Atlantique », centré autour du site exceptionnel de Dakhla, se basant sur une offre exclusive combinant nature préservée et niches sportives.
• « Atlas et Vallées », ancré sur Ouarzazate, les vallées et les oasis, ainsi que le Haut Atlas, se positionne comme la destination phare de l’écotourisme et du développement durable méditerranéen.
La « Vision 2020 » a été conçue sous l’impulsion de SM le Roi Mohammed VI pour mettre en valeur chacune des régions du Maroc, et pour mettre en place un tourisme respectueux de l’environnement.
Cette approche territoriale de la stratégie touristique est conçue à la base de la publication des recommandations de la Commission Consultative de la Régionalisation (CCR). Ces recommandations préconisent un découpage administratif en douze régions en consacrant le principe d’homogénéité sur celui de la complémentarité. Ces régions sont celles de Tanger-Tétouan, Oriental et Rif, Fès-Meknès, Rabat-Salé-Kénitra, Béni Mellal-Khénifra, Casablanca-Settat, Marrakech-Safi, Drâa-Tafilalet, Souss-Massa, Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Saguia al Hamra et Ed Dakhla-Oued ed Dahab.
Le secteur du tourisme au Maroc : une volonté de redynamisation affichée
Le Conseil du Développement et de la Solidarité CDS, avait organisé, le Mercredi 11 avril 2018, à l’hôtel La Tour Hassan à Rabat, un Symposium International du Tourisme.
Cette rencontre avait connu la participation d’un nombre important d’intervenants dans le secteur du tourisme à leur tête M. Mohamed Sajid, Ministre du Tourisme, du Transport aérien, de l’Artisanat et de l’Economie sociale, suivi de Mme Bensaleh, Présidente de la CGEM, M. Mohamed BENAMOUR, Président du CDS, ancien président de la Fédération Nationale du Tourisme –CGEM, ainsi que d’autres acteurs nationaux et internationaux.
Ces intervenants avaient essayé de mettre la lumière sur le secteur du tourisme comme vecteur du rayonnement du Maroc, ainsi que sur son rôle comme levier d’une croissance forte et inclusive. Ils se sont penchés également sur l’examen de l’offre touristique marocaine face aux mutations du secteur, sur les enjeux de la digitalisation du secteur touristique au Maroc ainsi que sur les défis de la mise en œuvre.
Lors de cette rencontre, certains intervenants de taille notamment le ministre du Tourisme et la Présidente de la CGEM ont soulevé certaines défaillances tâchant le bon fonctionnement de ce secteur vital pour le pays, à savoir le Comité stratégique conjoint du tourisme (CST) qui ‘’ne s’est réuni qu’une seule fois en 6 ans» ,les Conseils régionaux de tourisme ( CRT), ‘’détournés’’, le Programme de développement régional du tourisme ( PDRT) ‘’crispé’’, tel est le portrait du secteur du tourisme au Maroc décrit par Mme Miriem Bensaleh, lors de cette rencontre. Elle a ainsi incité les professionnels à repenser le business model du secteur.
Toujours dans une atmosphère de nostalgie, le Ministre du Tourisme, Mohamed Sajjid a rappelé que le premier secteur qui porte une vision s’était le secteur du tourisme avec le fameux plan d’Azur, lancé en 2000 pour créer 6 stations touristiques.
D’autant plus que le tourisme est le secteur clé de l’économie marocaine et reste la première source en devises du pays avec prés de 70 milliards de dirhams en 2017. Il est le deuxième contributeur au PIB national et le deuxième créateur d’emplois. Face à un contexte national marqué par une balance commerciale déficitaire et un taux de chômage de près de 10%, la dynamique engagée pour le développement du secteur aura un impact direct sur le développement économique de l’ensemble du territoire notamment en matière de création d’emplois, de participation à l’équilibre de la balance des paiements et de création de la valeur ajoutée, selon le communiqué du Conseil du Développement et de la Solidarité (CDS).
Il est à rappeler que, le Conseil du Développement et de la Solidarité CDS, a organisé, le Mercredi 11 avril 2018, à l’hôtel La Tour Hassan à Rabat, un Symposium International du Tourisme, dans le cadre de ses grandes conférences annuelles.
Le secteur du tourisme représente de ce fait un formidable vecteur de rayonnement du Maroc à l’international dès lors qu’il contribue au développement de l’image de marque et au renforcement des liens avec le Monde. Le tourisme joue également un rôle clé dans la consolidation du positionnement stratégique du pays, garantissant un lien entre les régions et les pays d’Afrique et de la Méditerranée. En ce sens, il représente un véritable enjeu géopolitique pour le Royaume.
Le Comité Stratégique Conjoint du Tourisme (CST) : Rappel
Le Comité Stratégique Conjoint du Tourisme (CST) s’est réuni, une seule fois, en date du vendredi 19 Septembre 2014 sous la présidence à l’époque de Monsieur Abdelilah BENKIRANE, Chef du gouvernement et a adopté plusieurs résolutions visant à assurer l’avancement des chantiers de la «Vision 2020» du secteur du tourisme, notamment en matière de mécanismes de gouvernance, de stimulation de l’investissement touristique et de la promotion du marché intérieur et de la destination Maroc en général.
Le chef de gouvernement a souligné, en cette époque, lors du CST le potentiel important du secteur touristique en matière d’emplois (plus de 480.000 personnes) et de recettes (le secteur génère un chiffre annuel de 60 milliards de dirhams en devises). Il s’est également félicité des résultats enregistrés par le secteur qui a continué d’afficher une progression aussi bien au niveau des indicateurs liés aux investissements étrangers qu’au niveau des flux touristiques avec plus de 10 millions de touristes à fin 2013.
Ainsi et dans le cadre de l’appui gouvernemental au secteur du tourisme et afin de renforcer la contribution du secteur au développement économique, un ensemble de décisions ont été prises lors de ce CST, dont la Création d’un Comité Azur qui a pour mission de proposer des solutions pour l’accélération de la réalisation du plan Azur. Ce Comité est composé du Ministère du Tourisme, du Ministère de l’Economie et des Finances, du Ministère de l’Intérieur et de la SMIT.
Dans le cadre des mesures incitatives pour la dynamisation de l’investissement notamment pour les produits à haute valeur ajoutée (animation touristique, et les régions moins matures), le comité a souligné la nécessité de mettre en place des primes à l’investissement qui seront introduites dans le cadre de la prochaine Charte d’investissement.
En matière d’investissement et de financement, le CST a décidé d’harmoniser les taxes locales et parafiscales et a acté la prolongation de la durée d’exemption de la TVA sur l’achat des produits locaux lors de la phase d’investissement de 24 à 36 mois. Cette mesure devrait être introduite dans la nouvelle Charte d’Investissement.
La création d’un Fonds de Garantie pour encourager le financement bancaire a été également décidée lors du CST et les modalités techniques de mise en place devraient être étudiées par le Ministère des Finances, le Ministère du Tourisme et la SMIT.
En matière de promotion et de Marketing et afin de renforcer la présence du Maroc dans les marchés cibles, il a été décidé de doter l’ONMT d’un budget suffisant pour renforcer ses activités de promotion et de commercialisation.
Par ailleurs, le principe de la mise en place de vacances scolaires régionalisées a été acté pour booster le tourisme national et le Ministère de l’Education va travailler sur les modalités techniques de mise en place ce nouveau calendrier scolaire. Il a été également décidé d’approfondir la réflexion sur la mise en place de la carte vacances qui contribuera à l’amélioration du budget de voyage des touristes marocains. Ce processus de vacances scolaires régionalisées a été revu et corrigé par le gouvernement actuel.
En matière de gouvernance, le CST a acté l’accélération de la mise en place de la Haute Autorité du Tourisme (HAT).
Pour rappel, le Comité Stratégique Conjoint du Tourisme est l’organe de pilotage conjoint dans le cadre du partenariat public et privé, et a pour mission de coordonner l’ensemble des chantiers de la Vision 2020, impulsée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Alors, où l’on est avec les recommandations du Comité stratégique Conjoint du Tourisme, annoncées en 2014 ?